samedi 16 octobre 2010

Ahlan wa Sahlan

Au moment où persévérance rimait avec acharnement, c’est avec un grand soulagement que nous pouvons enfin nous projeter. Après des mois de patience et de gestion des crises de nerfs, des journées assis à l’accueil en attendant… (attendre quoi déjà ?), des allers-retours entre les RH au 2ème, le bureau du directeur au 1er , la responsable communication au 4ème, la responsable financière au 3ème…et le café au 5ème. Un coup de téléphone inespéré nous a sorti de ce flou artistique. arcenciel a dit Yala go les enfants! Alors, avec beaucoup de plaisir, nous avons dit Yala nous aussi… et c’est comme ça que nous avons officiellement été embauchés chez arcenciel pour l’année. Avec un peu de chance ( et d’entêtement !), nous aurons droit à un vsi à partir de janvier.
Dans cette belle élancée, nous avons pu poser nos valises dans un petit appartement, d’un kitch sans commune mesure ! La chambre d’ami était au delà de nos moyens, mais le grand canapé du salon sera enchanté de vous offrir de belles nuits beyrouthines. Nous n’avons pas de cours intérieure pavée de mosaïques au milieu de laquelle un bassin reflète le bleu azur du ciel…mais vous verrez, le quartier orthodoxe a son charme.

Vous l’aurez compris, les invitations sont lancées. Ahlan wa sahlan !

lundi 11 octobre 2010

quelques photos d'Achrafieh


























Courts métrages

Deux excellents trailers de courts métrages présentés à la 10ème édition du « Beirut International film Festival ». Malheureusement, nous n'avons pas pu les trouver en version intégral. Mais vous, qui avez une connexion digne de ce nom, n'hésitez pas à faire de plus amples recherches.

«SOUNDS OF BEIRUT» de Seth Khoury. USA 2010.

54mns/ DVD/ colour/ English - French – Arabic

http://www.fabrica.it/project/unstable-beirut-trailer

«UN: STABLE BEIRUT » d’Hanna Abi Hanna et Diego Beyro. Italy 2009

19mns/ Beta or Beta sp/ colour/ English – Arabic (English subtitles)

http://www.cineklik.com/N-Seth%20Khoury.aspx

Le Liban contemporain

Le discours des libanais sur eux-mêmes ne facilite pas la tache de l’observateur et de l’historien. Les libanais sont, en effet, tous très fortement attachés à leur Liban, à quelque communauté qu’ils appartiennent. Mais ils sont, en même temps, capables de dénigrer férocement leur pays, leur Etat, leur société ; de ne pas prendre au sérieux l’existence de ce Liban qu’ils adorent, de ne pas y croire. L’indépendance acquise en 1943 ne serait que le résultat des manigances coloniales anglaises contre la présence française au Levant. Chaque libanais a aussi tendance à penser que la communauté à laquelle il appartient est victime de la méchanceté et la trahison des autres communautés. Pourtant, il garde, en général, même dans l’émigration, un attachement viscéral à son terroir ; Il reste fier d’être libanais, d’appartenir à ce mythe, à ce pays mirage, insaisissable, qui depuis près de deux cents ans exporte ses fils aux quatre coins du monde, comme si l’émigration était une fatalité. Que le libanais se dise Levantin, Phénicien, arabe, qu’il mette en avant, au contraire, son christianisme ou son islam, dans ses multiples variantes, il reste fier de son appartenance. Peu importe que leur appartenance soit complexe, fluide, peu apte à être définie de façon rationnelle et structurée, ait le caractère d’un labyrinthe, les libanais, si critiques soient-ils de leur existence collective, nationale, étatique, sociale, sont fier d’appartenir à cette terre.

Ils considèrent qu’ils ont été les ferments de la renaissance de la langue et de la culture arabe au XIXème siècle, les vecteurs de l’introduction de la modernité en Orient, mais aussi de la connaissance de l’Orient en Occident par les liens que leurs éminents savants, le plus souvent prêtres du clergé maronite, ont entretenu avec l’Italie de la renaissance et la France de Louis XIV. Les Libanais appartenant aux communautés chrétiennes sont fiers en outre d’avoir préservé vivant le christianisme oriental, celui de l’Eglise byzantine ou des Eglises syriaques, alors que le christianisme occidental s’est coupé de ses sources historiques qui sont en Orient. Cette fierté qui caractérise la plupart des Libanais chrétiens, est partagée par de nombreux musulmans qui voient dans leur terre libanaise une spécificité forte par rapport aux autres sociétés du Moyen-Orient. Ils ont au cours des siècles assumé une vie commune avec les Chrétiens, traversé ensemble les crises, les invasions, les dominations qui ont marqué l’histoire de la région, la dernière étant la France succédant à l’empire Ottoman. La mixité a été au Liban plus forte qu’ailleurs, dans les villes comme dans les villages. La mosquée au Liban existe aux cotés des Eglises.

Georges Corm

« Le Liban contemporain »

Histoire et société


Les plaques d’immatriculation

Nous avons découvert il y a peu de temps que la vie d’un Libanais tournait autour de trois sources de réussite: sa voiture, son téléphone portable et sa femme. Bien évidemment, « sa femme » vient en dernier car les deux premiers attributs sont essentiels pour la conquérir.

Voici donc un petit résumé du grand art de la séduction automobile.

« Se montrer » fait parti de l’art de vivre à la libanaise. Si le fait de « se montrer » est réglementé, regarder quelqu’un qui « se montre » fait également appel à certaines règles. Quand une voiture passe, on regarde d’abord la plaque, si elle est digne d’intérêt, on regardera la voiture puis, selon le même processus la personne qui conduit la voiture. Ainsi, pour être vu, il faut avoir une bonne plaque et une bonne voiture. Mais qu’est ce qu’une bonne plaque ? Les plaques d’immatriculation au Liban font l’objet d’une rare convoitise. Autant vous dire tout de suite que les débats autour de la figuration d’un département « coup de cœur » sur les plaques françaises, ont doucement fait sourire bon nombre de Libanais.

Il existe un code couleur de plaque qui en dit long sur la voiture.

1. Rouge = Taxi (aucun intérêt, sauf si l’on souhaite se déplacer)

2. Verte = voiture louée (intérêt limité dans le sens ou l’on sait que la voiture a été louée pour la soirée)

3. Blanche = voiture de particulier (grand intérêt)

Une fois que l’on a la bonne couleur, il est nécessaire de bien gérer les chiffres qui y figurent. L’idéal est d’avoir le chiffre le plus petit, trois au minimum (nous n’avons plus vu de plaques à deux chiffres depuis de nombreuses années, inutile de chercher tout le monde nous dit qu’elles n’existent plus). Bien, cela étant dit, c’est en fait, un peu plus compliqué, la classe absolue vient aussi de la signification que peuvent avoir ces chiffres. Par exemple, la plaque la plus convoitée est probablement la plaque blanche, « 961 », qui est aussi l’indicatif téléphonique du Liban.

Les plaques sont souvent vendues au marché noir, raison pour laquelle ces premières peuvent atteindre parfois des sommes astronomiques. D’aucuns disent que certaines plaques valent le prix de la voiture sur laquelle elles sont rivetées. Même processus pour les numéros de téléphone... Vous avez pris des notes? A vous de jouer!

jeudi 7 octobre 2010

Zaatar

Le « Zaatar », traduit littéralement par « Thym » a pris une tout autre définition au fil du temps. Tous les matins, le petit déjeuner préféré des libanais est le « zaatar », une galette recouverte d’une couche de thym, agrémenté de sésame et de jus de fleur de ficus, ce dernier lui procurant une petite acidité très agréable. Il s’agit, pour ceux qui ont toujours du mal à imaginer l’objet, d’une pizza aux herbes, qui a quasiment la taille d’une pizza et qui a pour principal effet d’incroyablement retarder le processus de faim dans la journée, voire la semaine. Bref, allons droit au but, les libanais, s’envoient tous les matins, au réveil, une pizza d’une vingtaine de centimètres de diamètre.

Sawarib Souri

La Sawarib souri ou moustache syrienne est fournie, singulière et digne. Il n’en existe pas deux, elle est volumineuse au centre, s’affine sur les cotés pour enfin pointer vers les oreilles. Bien sur, elle n’est pas claire, elle est des plus foncée, un noir absolu dans lequel on se perd aisément. Elle n’est pas portée par choix, mais par âge, fonction, métier. Un homme syrien a une moustache quand il peut avoir une moustache. Il n’y a pas d’évolution en terme de pilosité, un Syrien de 20 ans a la même moustache qu’un Syrien de 40 ans. Passée cet âge, la moustache syrienne s’éclaircie, bien entendu. Comme vous pourrez le constater, grâce à l’essai effectué sur Emilien, le secret de la moustache syrienne appartient exclusivement aux Syriens.

samedi 2 octobre 2010

Atterrissage Beyrouthin.

Voilà quatre jours que nous arpentons les rues et quartiers de Beyrouth sous un soleil brulant (moyenne de 30°). La ville présente un très grand intérêt en terme de diversité, en effet, les Aston martin bousculent les Peugeot 403, des immeubles en verre ultra modernes font face à de vieux balcons sculptés et criblés de balles, des saoudiennes voilées en talons aiguilles baguenaudent dans de très luxueux malls et des rues poussiéreuses débouchent sur des boulevards pavés piétons – nous soupçonnons les autorités locales de passer l’aspirateur tous les matins.

La ville est à l’image en fait de la façon dont s’est créé le pays, qui d’ailleurs ne s’appelle Liban que depuis très peu de temps. Phéniciens puis Perses, Grecs puis Romains, Abbassides, Fatimides, Seldjoukides, Ayyoubides, Mamelouks, Arabes puis Libanais. Libanais, c’est simple, c’est tout le monde : Catholiques, Orthodoxes, Sunnites, Chiites, Maronnites et Druzes. 200km de longueur, 50km de largeur. Ca laisse rêveur…

Dans le paisible quartier Orthodoxe de Getaoui, une jeune volontaire catalane nous offre pour le moment le gite, le temps pour nous de trouver un loft ou un appartement, une chambre, ou peut être un foyer. Oui, la vie beyrouthine est un peu plus chère que ce que l’on pouvait imaginer. Cela dit, nous cherchons, avant tout, un travail qui nous permettra d’avoir une idée plus précise du temps que l’on va passer ici. Si l’aventure arcenciel ne semble pas terminée, nous étudions tout de même, de près leurs propositions – loin de ce que nous avions demandé.

Pour le moment, la phase de découverte est un véritable plaisir, mais nous ne tarderons pas à nous mettre à l’œuvre. Nous avons déjà commencé à tisser des liens.

Hier, nous sommes revenus sur le territoire français. Nous n’avons pas eu le temps de vous tenir au courant… Nous avons visité un domaine agricole Jésuite à l’Est du pays, près de Taanayel. En 1860, les Ottomans ont assassiné quatre pères jésuites français, ainsi pour rendre justice, ils leurs ont offert un terrain marécageux. Le contrat stipule que tant qu’il y aura un Jésuite en Orient, ce terrain sera français. Mais visiblement, ils ont du mal à définir ce qu’est un jésuite et surtout, que désigne l’Orient… Les prêtres ont su transformer ces terres en une véritable oasis : syrah, grenache, merlot… arcenciel a récupéré la gestion du domaine depuis peu. Les meilleurs fromages du pays viennent de cette ferme !

A bientôt !