vendredi 25 février 2011

Nouvel air

Parce que le temps passe et que nos week-end sont maintenant réservés à la mémoire de 3A… Je vous propose une seconde phase pour notre blog, une nouvelle façon pour nous de partager avec vous notre expérience au Liban. A commencer, un peu brutalement, par celle-ci.





« Beyrouth, c’est comme se prendre un coup de poing dans le ventre.  Réaction organique, se recroqueviller, se débattre de douleur. Saigner de la bouche, des yeux, du cœur. Sentir ses entrailles qui pulsent à l’intérieur. Oublié l’être raisonnable et raisonné, n’être plus qu’un homme avec de la chair. Compter ses sens. Enlever le carcan, la camisole de force d’une vie bien réglée, d’un quotidien doucereux. A Beyrouth, les minutes ne se ressemblent pas. La vie ne se compte pas en « métro-boulot-dodo ». Elle s’engouffre à plein poumons, se vie à mille à l’heure.
Beyrouth n’est pas mélancolie et romantisme. Elle est violence, errance, démence. Vue du ciel, comme un vaisseau fantôme sorti du brouillard. Un cap de la dernière espérance. Héroïne, elle coule dans les veines de ceux qui la peuplent. Des fous, mais vivants au moins. Beyrouth est sauvage, vulgaire. Elle crache sur le reste d’un monde qui n’en finit plus de se laisser mourir d’ennui. Beyrouth crie.
Beyrouth, ce n’est pas une ville . C’est être la ville. Car on ne vient pas à Beyrouth, on est déjà Beyrouth depuis longtemps. Ainsi sont ou ne sont pas ceux qui l’adorent et ceux la haïssent. Pas de milieu possible. Aimer Beyrouth ou plutôt l’idée d’aimer Beyrouth n’est pas facile. C’est comme l’idée d’aimer prendre des coups. D’ailleurs aimer Beyrouth est un acte insensé. Coup de foudre qui ébranle tout. Une vie  entière. Beyrouth vous prend comme une lame de fond. elle retourne, triture, extirpe, froisse, agite. Et vous recrache sur le rivage. Un rivage qui n’est autre que vous-même. »
“Noir Beyrouth”
Emilie Thomas Mansour.  



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